Tensions sur la route : entre inconscience et méconnaissance des règles de sécurité

Entre tensions, inconscience et méconnaissance des règles, automobilistes, cyclistes et piétons contribuent à un climat d’insécurité. C'est le résultat de la dernière étude de la Fondation VINCI Autoroutes qui révèle la persistance de comportements dangereux sur les routes françaises. Elle appelle à une prise de conscience collective pour un partage plus serein de la route.

Alors que le ministre des Transports, François Durovray, a récemment annoncé une mission dédiée à la protection de tous les usagers de la route, les résultats de la dernière étude IPSOS, réalisée pour la Fondation VINCI Autoroutes, révèlent un partage de la route tendu en France. Entre méconnaissance des règles, inconscience ou simple désinvolture, les comportements à risque persistent sur les routes, renforçant l’insécurité de chacun. Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation, alerte sur cette situation préoccupante et appelle à une responsabilisation accrue de tous les usagers.

L’enquête, qui a sondé 12 413 Européens dont 2 413 Français, souligne des attitudes dangereuses partagées par tous les types d’usagers. Par exemple, 33 % des automobilistes et 67 % des conducteurs de deux-roues motorisés empiètent sur le sas vélo aux intersections, une zone normalement réservée aux cyclistes pour garantir leur visibilité. Cette pratique reflète une méconnaissance des règles, mais elle exacerbe surtout les tensions avec les autres usagers. Autre constat préoccupant : 44 % des cyclistes réguliers avouent passer au feu rouge, même lorsque les panneaux ne l’autorisent pas. Chez les piétons, les comportements risqués sont également fréquents, avec 80 % d’entre eux qui traversent en dehors des passages protégés, même lorsque l’un d’entre eux est situé à moins de 50 mètres.

Bernadette Moreau pointe du doigt le sentiment d’impunité et de toute-puissance de certains usagers : « Il est urgent de rappeler que le partage de la route est l’affaire de chacun. Respecter les règles du code de la route, avoir conscience des conséquences de ses actes, sont autant de moyens de préserver la sécurité de tous. »
Elle insiste sur l’importance d’une exemplarité des adultes, notamment pour influencer les jeunes usagers, plus vulnérables et souvent enclins à reproduire les comportements qu’ils observent.

La sensation de danger est omniprésente sur les routes : 95 % des usagers de la route déclarent avoir peur des comportements à risque des autres. Parmi eux, les cyclistes se sentent particulièrement exposés ; seuls 59 % des cyclistes réguliers en France se déclarent en sécurité, contre une moyenne européenne de 80 %. En milieu urbain dense, ces tensions se renforcent : les grandes agglomérations, comme Paris et Marseille, sont les lieux où les cyclistes se sentent le moins en sécurité.

Parmi les observations encourageantes, l’étude montre que les « multi-usagers » — ceux qui alternent entre différents modes de transport comme la marche, le vélo et la voiture — adoptent des comportements plus prudents. Près de 86 % de ces usagers affirment respecter davantage les règles, comprenant mieux les contraintes et la vulnérabilité des autres modes de déplacement. Ce constat appuie l’idée qu’une sensibilisation accrue à la diversité des mobilités et un effort pour expérimenter d’autres moyens de transport pourraient favoriser une meilleure cohabitation sur la route.

Pour Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes, « ce qui est très important, c'est que les adultes aient conscience de leur devoir d'exemplarité vis-à-vis des plus jeunes et sachent montrer comment on partage la route en respectant les règles et en respectant les autres pour assurer leur propre sécurité mais aussi la sécurité de tous les autres usagers et en particulier les plus vulnérables ».